Cela fait maintenant plus d’un an que dure la pandémie, et le doute s’installe sur la possibilité d’y mettre fin. Ce virus qui se propage quand des êtres humains sont proches, nous éloigne les uns des autres, nous oblige à réduire nos activités humaines et nos rapports sociaux. Il fragilise notre santé mentale en nous confrontant quotidiennement à l’angoisse de la maladie et de la mort.
Plus de 2,9 millions de morts dans le monde depuis le début de la pandémie et chaque jour en France, entre 350 et 400 personnes meurent des suites de la COVID
Comment en sommes-nous arrivés là ?
La déforestation pour exploiter de nouveaux gisements de matières premières, agrandir les surfaces agricoles, implanter de nouvelles habitations, la destruction de la biodiversité, le dérèglement climatique, la globalisation des échanges favorisent l’apparition des maladies émergentes telles le MERS, le SRAS, Ebola, la COVID-19. La fragilisation des milieux sauvages crée les conditions de la production de zoonoses. En finir avec le mode de développement capitaliste pour préserver les écosystèmes et la biodiversité est incontournable, sinon nous risquons de nouvelles pandémies qui prennent le pouvoir sur nos vies.
Malgré les alertes, les recherches fondamentales sur la famille des coronavirus n’ont pas été subventionnées. Et au début de la pandémie, on a demandé aux chercheurs de trouver des solutions pour des traitements ou un vaccin dans un délai impossible à tenir. Ce temps long de la recherche nécessaire pour anticiper les possibles pandémies est incompatible avec la logique de rentabilité à court terme.
Dans la situation d’urgence, il faut cependant faire face. Mais quand, pendant des années, les politiques en matière de santé publique menées par les gouvernements successifs ont sacrifié l’hôpital public et la santé publique, en le sous finançant, en refusant de former et de recruter des soignant.es, en amputant les dotations en matériel essentiel (masques, respirateurs, blouses…) on est confronté à une insuffisance des capacités d’accueil et du nombre de lits de réanimation, on se retrouve alors face au dilemme d’arrêter toute activité, de restreindre les libertés de circuler ou faire exploser le système hospitalier et condamner de nombreux patients.
Nous sommes depuis plus d’un an sous le régime de l’état d’urgence sanitaire. Les décisions sont prises dans une grande opacité et en priorisant la continuité des activités économiques dites essentielles. Le conseil scientifique, mis en place par Macron lui-même, émet des avis, mais le président et son conseil de défense n’en tiennent pas compte. Il en résulte une stratégie chaotique, des décisions souvent incohérentes, des protocoles difficiles à mettre en place dans des délais trop courts, et le nécessaire débat démocratique sur des choix certes difficiles à définir, est inexistant. La démocratie est bafouée. Pire, en dehors du financement du chômage partiel, aucun investissement n’a été fait dans les services publics, à commencer par celui de la santé et on continue à fermer des lits, mais aussi celui de l’éducation et on continue de supprimer des postes et d’augmenter les effectifs par classe. Les conséquences en matière de santé publique ne se réduisent pas aux morts et malades de la COVID. La prise en charge des autres pathologies prend du retard. Les effets d’une sédentarité augmentée vont se développer.
Une issue possible, la vaccination, mais…
Dans ce constat quelque peu désespérant, nous pouvons retenir le formidable élan qu’a pris la recherche mondiale pour le séquençage du virus, preuve s’il en était besoin que l’urgence et la conscience de la part des équipes de recherche du monde entier de l’enjeu de santé publique peut être le moteur d’une coopération extraordinaire et efficace rendue possible par le partage des données.
> Ce résultat, combiné à des investissements publics extrêmement importants, pour ce qui concerne les USA (18 milliards de dollars) et le Royaume Uni, a permis aux équipes de chercheurs de plusieurs laboratoires pharmaceutiques de trouver des vaccins. Toutes les grandes firmes pharmaceutiques mondiales ont bénéficié de ces subventions publiques américaines à condition de réserver en priorité la production de vaccins … aux américains. Idem pour ce qui concerne le Royaume Uni.
Mais ces vaccins sont aussi confisqués par les directions et les financiers des Big Pharma grâce au système des brevets. Le brevet acte officiel de propriété industrielle qui accorde un monopole d’exploitation au propriétaire pour 20 ans, a été appliqué aux médicaments à partir des années 80, la décision a été argumentée au nom des coûts importants des recherches en ce domaine. Les droits de propriété intellectuelle sur les médicaments n’ont cessé ensuite d’être renforcés. Le principe de licence obligatoire c’est-à-dire la possibilité d’utiliser un brevet sans le consentement du propriétaire, principe difficilement arraché par les pays du SUD au moment des Accords sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce ( ADPIC) est de plus en plus limité : mais il reste possible en particulier en cas de force majeure comme la pandémie. Et pourtant, ni le gouvernement français, ni l’Union européenne n’ont décidé d’utiliser ce droit pour les vaccins anti-Covid.
Avant ces accords, le droit international autorisait l’absence de brevet sur les médicaments.
Il en résulte des inégalités scandaleuses dans l’accès au vaccin. Les pays riches ont commandé plus de doses que leurs besoins. Les pays du SUD n’ont pour la plupart reçu encore aucune dose. Le président de l’OMS qualifie la situation de grotesque. Le dispositif COVAX qui relève plus d’un principe de charité que d’une véritable solidarité prévoit de réserver une partie des vaccins commandés pour les pays du SUD, mais c’est totalement insuffisant au regard des besoins. Cette stratégie n’est pas efficace. Si l’ensemble de la population mondiale n’est pas vaccinée, l’apparition de nouveaux variants possiblement résistants aux vaccins est un risque à envisager.
Malgré la demande de l’Afrique du Sud et de l’Inde et de près de cent pays, les USA, l’UE et la France refusent de s’engager en faveur de la mise en commun des droits de propriété intellectuelle et continuent de défendre coûte que coûte les intérêts des grands groupes pharmaceutiques.
Ainsi la campagne de vaccination piétine. La gestion de cette campagne par des plateformes est catastrophique. La 2eme injection est retardée et la protection des personnes vaccinées insuffisante. L’enfumage et les coups de com du gouvernement ne suffisent pas à cacher la pénurie. Et les inégalités se développent aussi en France, la Seine Saint-Denis, département durement touché a un taux plus faible de personnes vaccinées.
Aucune entreprise pharmaceutique n’a les capacités de produire suffisamment de vaccins pour tout le monde. La production à plus grande échelle des vaccins contre le COVID-19 ne sera rendue possible que si les brevets sont levés et les entreprises réquisitionnées. Cela nécessite qu’un mouvement citoyen fort l’exige.
Sortir de l’isolement et retisser des solidarités
Se rassembler entre en contradiction avec les protocoles sanitaires. Nous avons pourtant besoin de nous rencontrer, de débattre et de reprendre la main sur nos vies. C’est ce que font les artistes, les intermittents du spectacle et de l’emploi.
La santé c’est notre bien commun.
Avec Ensemble ! Autogestion et Émancipation,
- Décidons collectivement des règles pour nous protéger, et mettre en commun les procédés de production des vaccins.
- Exigeons de dégager de la logique de rentabilité financière immédiate, la recherche fondamentale aux effets sur le long terme.
- Ouvrons les possibles de la socialisation croissante de la recherche à l’échelle mondiale contre le renforcement des droits de propriété intellectuelle
Le 19 avril 2021,
Ensemble! Autogestion et Emancipation est un courant du mouvement Ensemble!