Le collectif national d’ENSEMBLE! était réuni toute la journée de dimanche 12 mars. La mobilisation contre la réforme des retraites a naturellement été longuement débattue lors de cette réunion. A l’issue de ce débat, le texte ci-dessous résumant les orientations de notre mouvement dans cette mobilisation a été adopté :
Les mobilisations de janvier et de début février ont modifié le rapport de forces avec le gouvernement. Celui-ci, fragilisé, s’entête à imposer son projet brutal, injuste et anti-démocratique. Le mouvement en cours est le plus massif depuis celui de 1995. L’importance de ce mouvement profond, massif et puissant s’oppose à la logique de société portée par Macron. Celle-ci, déjà inscrite dans la « réforme » de l’assurance chômage, se poursuivra dans les prochaines lois, en particulier, dans le projet de loi Darmanin. La mobilisation se manifeste par une unité intersyndicale pas vue depuis longtemps, des manifestations très massives, notamment dans des villes petites et moyennes. Les effets en termes de syndicalisation s’en ressentent déjà. Des catégories sociales nouvelles se sentent concernées, l’ensemble de la société est impactée et le soutien de l’opinion est massif. Dans cette situation, le gouvernement n’a pas réussi à convaincre, s’est pris les pieds dans le tapis plusieurs fois (les femmes soi-disant « grandes gagnantes », le minimum à 1 200 euros promis pour toutes et tous…). Il semble même qu’une minorité de la base électorale du macronisme soit hostile au projet.
Cette séquence sociale n’est pas sans conséquences politiques d’ampleur :
- L’ampleur et la durée de la mobilisation sociale et des manifestations met en évidence l’illégitimité du président de la République et d’un gouvernement qui s’entêtent à faire passer leur contre-réforme. Si le parlement adoptait cette contre-réforme des retraites contre l’avis d’une écrasante majorité de la population, si le gouvernement tentait de passer en force avec le 49.3, cette loi n’en resterait pas moins socialement et politiquement illégitime. Elle ne devra pas être appliquée ! Alors, se poseraient les questions de la démission du gouvernement et de la dissolution de l’Assemblée nationale.
- Il y a urgence à construire une alternative à Macron et son monde, ce qui suppose d’aller plus loin dans les propositions politiques et sociales que l’indispensable soutien au mouvement actuel. La NUPES devrait prendre ses responsabilités dans cette construction.
- Le Rassemblement National, absent des mobilisations sociales, s’est affirmé hostile au projet gouvernemental. À terme, il risque de profiter d’une éventuelle défaite du mouvement social et de la frustration qui l’accompagnerait. Gagner sur les retraites est aussi une manière de faire reculer l’extrême droite et la menace néo-fasciste.
Le gouvernement va essayer de faire voter sa réforme au pas de charge. Pour gagner, il convient d’accentuer la mobilisation sous toutes ses formes (grèves reconductibles, blocages, etc.), de manifester, partout en France, le jour où l’Assemblée nationale votera. Parallèlement aux grèves et manifestations, se développe l’exigence d’une consultation citoyenne, telle qu’elle est revendiquée par l’intersyndicale. Cette consultation devra être soutenue par l’ensemble des forces de gauche et appuyée par des collectifs unitaires de base.
Bagnolet, le 12 mars 2023