En commun ! Pour répondre aux urgences écologiques, sociales et démocratiques. Tel est le titre de la liste soutenue par la France Insoumise, le Parti Communiste et Ensemble ! sur le canton Guéméné-Derval-Nozay
Juliette Coanet, candidate, nous parle du sens de son engagement sur cette liste.
Elle insiste d’emblée sur un postulat : dans un canton gagné par la droite aux dernières élections à 11 voix près, une liste unitaire de toutes les gauches et des écologistes avait plus de chance de l’emporter. Nous avons proposé, dans le cadre de candidatures qui ne soient pas sous la bannière « majorité départementale » des candidatures équilibrées, avec des binômes croisés, un changement à mi-mandat, un travail en commun assis sur un comité citoyen pendant tout le mandat et le partage des indemnités d’élu.es. Après plusieurs relances, on nous a répondu que c’était inenvisageable, que ça ne se faisait pas. (note de la rédactrice, ce qui est une contre-vérité)
La possibilité de regagner le canton en unissant les forces nous semblait un argument qui justifiait une alliance. Ca n’a pas été possible, les partenaires, surtout le PS, ayant déjà tout prévu et organisé entre eux.
Terrible déception, on y croyait, on refuse de passer pour des diviseurs. Bien sûr, ça rend les choses plus compliquées mais notre gauche a des idées à défendre, une équipe motivée et force de propositions, une bonne entente toutes origines politiques confondues, et un collectif citoyen dynamique, qui continuera dans la durée. C’est pour ça que j’ai accepté d’être candidate.
Juliette est auxiliaire de vie sociale, après avoir été danseuse et enseignante en danse auprès d’enfants de tous âges et pour un public handicapé. Elle nous dit en quoi son métier est socialement utile
Lorsqu’elle a du accompagner son frère et sa mère en fin de vie, en Corse, elle a fait connaissance de Sylvie, aide à domicile qui lui a donné envie de changer d’orientation. Elle a donc suivi la formation pour cette profession, en sachant très bien qu’il allait falloir y mener des luttes, 97 % des salariées étant des femmes précaires. Elle qui avait participé à des luttes et des manifs jusque là a ressenti le besoin de se syndiquer. Comme le département a compétence en matière de handicap, de gardes d’enfants, de personnes âgées et dépendantes, ça concerne tous les métiers « du lien ». Qu’une femme de ces métiers soit au Conseil Départemental permettra qu’on parle des bénéficiaires des allocations et services, mais aussi des salariées, de la façon dont on les traite. On sent qu’elle a beaucoup à dire à ce sujet. En 2018 le Conseil Départemental a organisé les états généraux des Ehpad, et réussi le tour de force de n’avoir, à ses tables rondes aucune salariée, que des responsables d’Ehpad , DRH, chargés de mission, responsables mutualistes. Faut-il s’étonner alors que le rapport ne pointe que les difficultés de recrutement du secteur, sans jamais parler des causes : conditions de travail, manque de reconnaissance professionnelle, bas salaires. Et ne voit une solution que dans la découverte des métiers par des stagiaires, ou dans l’embauche de contrats service civique ?
Juliette fait partie d’un collectif national, a-partisant, « la force invisible des aides à domiciles », elle a côtoyé dans la lutte des ronds-points des femmes gilets jaunes, précaires, à Châteaubriant. Elle cherche toujours à créer du collectif pour un meilleur rapport de force. C’est pour toutes les personnes précaires qu’elle se bat et c’est elles qu’elles veut représenter au département . Pendant la pandémie, les premières de corvées ont été mises à l’honneur, mais ça n’a pas empêché qu’elles fassent toujours plus de travail sans moyens supplémentaires. Du coup, les glissements de tâches se sont accélérées, des médecins vers les infirmières, des infirmières vers les aides soignantes, et des aides à domicile.
Elle défend la qualité de l’eau (2 captages dans le canton) et une qualité d’eau médiocre, refuse l’extension d’un élevage de porcs (que défend de façon étonnante la confédération paysanne)
Elle insiste sur la démocratie à inventer : ouvrir des permanences tournantes sur le canton, changer les pratiques, ne pas avoir peur d’être proche de la population en s’appuyant sur un comité citoyen, en organisant des réunions publiques lorsque des dossiers importants viennent en discussion, filmer les réunions du Conseil départemental et les retransmettre, via une chaîne Youtub, ou les réseaux sociaux.
C’est une campagne atypique, sans réunions publiques, réduite aux tracts sur les marchés de Guéméné, Derval, Abbaretz et Saffré, ou aux rencontres avec des Amap… mais qui aura permis des rencontres de différents courants politiques, de différents parcours, riche d’expériences et destinée à durer.
La vie, en somme.
propos recueillis par Aline, mai 2021