La COP 26 se termine donc avec un accord « à l’arrache » et un bilan des plus maigres. Il y avait peu d’illusions à se faire. Mais quand même ! C’est à qui aura redoublé d’effets d’annonces sur ses « engagements » à réduire ses émissions de GES, alors que les pays les plus développés et les plus pollueurs n’ont même pas respecté leurs objectifs de l’accord de Paris. Pas plus qu’ils n’ont honoré leur engagement à mobiliser 100 milliards de dollars par an dès 2020 pour aider les pays vulnérables (à comparer aux 2 000 mds de $ de dépenses militaires mondiales en 2020 !). Les Etats Unis et l’Union Européenne (en particulier la France) ont fait capoter la mise en place d’un mécanisme de financement des dégâts irréversibles du changement climatique. C’est vraiment le bal des faux culs quand on apprend que beaucoup d’Etats ont trafiqué leurs données pour masquer leurs émissions réelles ; ou quand un Jeff Bezos, patron d’Amazon, vient pérorer à la tribune en compagnie de Macron.
Restera de cette COP 26 un ensemble de mesures non contraignantes qui reproduisent pour l’essentiel, sans véritable rupture, les engagements pris en 2015 dans le cadre de l’accord de Paris. Quant à l’engagement de sortir des énergies fossiles, il est totalement édulcoré par le texte final (sans compter l’offensive pour intégrer le gaz et le nucléaire comme énergies « vertes »). A ce train-là, on ne voit pas comment l’élévation moyenne de la température de la planète pourrait être contenue au-dessous de 1,5°c. C’est même le seuil de + 2°c qui pourrait être dépassé, les analyses laissant craindre une trajectoire vers +2,4°c.
Face à cette inertie d’Etats plus soucieux de défendre les intérêts de leurs capitalistes que de l’avenir de l’Humanité, la mobilisation populaire internationale devra monter d’un cran. Saluons celle qui s’est déroulée autour de la COP 26 à l’appel de la Coalition Climat britannique avec des dizaines de milliers de manifestant·es le 6 novembre à Glasgow. Une démonstration de force qui tranche sérieusement avec la faiblesse des manifestations « climat » en France, à quelques exceptions près (Toulouse, Nîmes…). Est-ce chez nous un effet collatéral de la pandémie, alors que 50 000 personnes se sont rassemblées le 10 octobre à Bruxelles ? Les vacances scolaires n’expliquent pas tout, pas plus que le black-out des médias. Cette situation doit interroger celles et ceux qui luttent pour une rupture écologique. Sans attendre la mise en œuvre de politiques de transformation, beaucoup s’investissent dans des actions de terrain, certes utiles. Mais cette accumulation d’expérimentations doit s’accompagner de réponses alternatives d’ensemble face au rouleau compresseur d’un capitalisme globalisé qui continue sa course mortifère.
Le 16 novembre 2021