Les élections anticipées du parlement autonome de Catalogne du 12 mai ont fortement modifié le paysage politique et confirmé la démobilisation du camp indépendantiste. Le Parti des socialistes de Catalogne (PSC) est arrivé en tête en réussissant son meilleur score en termes de voix et le plus nombre d’élu-e-s en 45 ans au Parlament. Il a obtenu 27,96% et 42 sièges (+9). Le PSC devance Junts, le parti de Carles Puigdemont, qui conduisait la liste, et qui obtient 21,61% et 35 sièges (+3), en légère progression. La Gauche républicaine de Catalogne (ERC), qui dirigeait le gouvernement sortant, enregistre une défaite cinglante puisqu’elle n’obtient que 13,68% et 20 sièges (-13). La troisième force indépendantiste, la Candidature d’unité populaire (CUP) recule également fortement avec 4,09% des voix et 4 élue-s (-5). Les fiefs indépendantistes historiques sont les régions qui ont connu la plus forte abstention.
À gauche, Communs / Sumar régresse avec 5,82% des voix et 6 sièges (-2). À droite, le Parti populaire (PP) progresse fortement avec 10,97% et multiplie par 5 le nombre de ses député-e-s (15). Le PP bénéficie de la disparition de Ciutadans qui perd les 6 sièges qu’il détenait encore et passe de 5,6 % à 0,72% des voix. L’extrême-droite se renforce : Vox consolide son implantation en obtenant 7,96% des voix et conserve son nombre de député-e-s (11) et la formation indépendantiste, identitaire et xénophobe, l’Alliance catalane (AL), fait son entrée au parlement avec 3,78% et 2 sièges. La participation a progressé sensiblement par rapport au précédent scrutin en 2021, elle s’est élevée à 57,95% (+6,7%).
Le camp autonomiste et indépendantiste, à l’exception de Junts, affiche un net recul car il n’obtient que 59 sièges sur les 68 nécessaires pour obtenir la majorité. C’est un coup sévère qui est porté à ce secteur qui semble marquer la fin d’un cycle pour ceux qui ont dominé la vie politique catalane depuis 1980, à l’exception de la période des gouvernement tripartites présidés par le PSC entre 2003 et 2010. Le « procés » indépendantiste ouvert à partir de juillet 2010 avec les mobilisations citoyennes sur le statut d’autonomie et l’accumulation de forces s’interrompt d’un point de vue institutionnel, au moins à moyen terme, avec ce scrutin. Les organisations Junts, l’ERC et la CUP, engagée dans un processus de refondation, devront tirer un bilan politique de leur échec dans leur conduite du « procés », même si les responsabilités sont à des degrés divers. Le grand bénéficiaire de cette élection est le PSOE, avec son référent catalan, suivi par Madrid, qui s’est empressé de déclarer le processus comme mort et le retour à la normalité constitutionnelle en Catalogne.
Mathématiquement, le PSC dispose de trois possibilités pour constituer une majorité, la première en alliance avec Junts qui recueillerait un soutien de 77 député-e-s, une seconde, plus probable, en alliance avec ERC et les Communs avec une majorité de 68 sièges et une troisième « espagnoliste » dans le cadre d’une coalition avec le PP et Vox. Mais cette dernière hypothèse apparaît peu crédible du fait notamment des alliances actuelles au sein du congrès espagnol. Reste aussi l’éventualité d’un échec des tractations et le retour aux urnes.
ENSEMBLE ! Mouvement pour une alternative de gauche écologiste et sociale, toujours attaché au droit à l’autodétermination et au nécessaire renforcement du camp du changement social, féministe et écologiste continuera de suivre les évolutions politiques et sociales en Catalogne et à échanger avec ses partenaires comme la CUP.