Le 19 mars, les organisations syndicales de la Fonction Publique appelaient à la mobilisation pour la défense des services publics. A Nantes, le gros du cortège de 4000 personnes était constitué par les enseignant.es. Une partie de la manifestation plus combative, et surtout marquée par la présence de nombreuses banderoles d’établissements, y compris des plus huppés de la ville. C’est toujours le signe d’une forte mobilisation, qui dépasse les secteurs habituellement mobilisés.
En effet, en Loire-Atlantique, les syndicats enseignants, essentiellement dans le second degré, appelaient à la grève reconductible du mardi 19 au vendredi 22 pour lancer le mouvement. C’est que le « choc des savoirs », abominable formule prônée par Gabriel Atttal lors de son raid au Ministère de l’Education nationale, est en fait un choc contre la vocation progressiste de l’Ecole publique. Au-delà de la volonté d’imposer l’uniforme pour les élèves, l’éphémère ministre devenu Premier ministre entend mettre en place des groupes de niveau. Tout ceci, bien sûr, sans les moyens nécessaires. Mis en œuvre en sixième et cinquième en Français et Maths, ils sont une arme de combat contre le collège unique, pour l’école du tri social. Tous les spécialistes de l’éducation s’accordent en effet pour dire que l’homogénéité de ces groupes maintient les élèves en difficulté dans leur situation. La progression ne peut venir que du brassage des niveaux. D’autant plus que ces groupes de « niveau », maintenant rebaptisés « groupes de besoin », déstructurent la classe à un âge où elle constitue un repère pour des enfants qui arrivent dans la structure nouvelle qu’est le collège. Donc une réforme qui manifeste, sous le prétexte de les aider, une volonté de renforcer les difficultés des milieux sociaux défavorisé, et notamment de ceux issus de l’immigration.
C’est ce qu’ont bien compris les enseignant.es mobilisé.es en Loire Atlantique, qui ont poursuivi leur action après le 19 et appelé les parents à s’y associer. Et ce samedi 23, 2 à 3000 personnes se sont rassemblées pour manifester leur opposition à cette école du tri social : enseignant.es, parents, élèves, souvent très jeunes, étaient dans la rue. Même si la grève sera suspendue mardi (après une nouvelle journée de mobilisation au rectorat lundi) parce qu’elle est trop isolée nationalement, en dehors des académies de Créteil et Toulouse, la mobilisation a montré qu’un mouvement social autour de l’école est possible. Il reste à construire.