CATALOGNE : LES 9 PRISONNIERS POLITIQUES INDÉPENDANTISTES SORTENT ENFIN DE PRISON !
SOUTIEN AU PEUPLE CATALAN POUR SON DROIT A L’AUTODÉTERMINATION
Pedro Sanchez (président PSOE du gouvernement espagnol) dans un discours lundi 21 juin à Barcelone annonçait une mesure de grâce (indulto) pour les 9 prisonniers et prisonnières politiques catalan.e.s condamné.e.s à des peines allant de neuf ans à treize ans de prison et en ayant déjà accompli trois ans… de trop. Pour avoir organisé unilatéralement et pacifiquement le référendum d’autodétermination du 1er octobre 2017 , Ils et elles ont été arrêté.e.s sous le gouvernement de droite de Mariano Rajoy, puis condamnés pour « sédition » avec la bénédiction de la droite, de l’extrême droite mais aussi du PSOE. Deux jours après ce discours de Sanchez, ils ont été libérés mercredi 23 juin après que le roi, qui joue un rôle institutionnel en Espagne, a signé cette mesure de grâce. Désormais, ils sont libres et c’est une grande joie et une première victoire que de retrouver libres les dirigeants de grandes associations culturelles (ANC, OMNIUM) et ces ancien.ne.s élu.e.s et ministres du gouvernement catalan .Cette première victoire est à mettre en parallèle avec la colère des partisans de la droite (PP) et de l’extrême droite de Vox, qui avaient appelé à une manifestation nationale dimanche 20 juin, qui n’ avait pas eu le succès attendu.
Cependant, cette mesure de grâce est conditionnelle : elle peut être retirée par les juges et ils et elles sont frappés « d’inhabilitaton » à certaines fonctions publiques et électives.Surtout cette mesure ne résout pas la question politique de fond posée par la crise catalane où une majorité (près de 52 % aux dernières élections de février) vient de reconduire un gouvernement indépendantiste à la tête du Parlement catalan après un accord conclu entre ERC et la CUP, suivi du vote de Junts x Cat. Le programme de gouvernement signé au départ par ERC et la CUP prévoyait simultanément des mesures sociales urgentes (arrêt des expulsions locatives, test d’un revenu social de base, emplois dans la fonction publique, investissements sociaux, suspension de l’usage des Flashball, mesures d’égalité et de défense de l’environnement, etc.) ; l’arrêt de la répression judiciaire et le respect de droits politiques d’expression, de manifestation et d’autodétermination. Après des tensions, les libéraux de Junts ayant intégré le gouvernement à des postes régaliens, comme l’a réclamé la CUP, qui ne participe pas à l’exécutif, on attend la concrétisation de ces engagements.
Il y a toujours prés de 3 000 personnes inculpées pour participation au référendum et à d’autres manifestations, dont 700 maires.Cela éclaire la nature très politique de la justice espagnole et de son Tribunal suprême toujours marqué du sceau du franquisme. Le Conseil de l’Europe lui-même s’en est ému et vient parallèlement à la mesure de grâce, de voter très majoritairement une résolution condamnant le caractère disproportionné de cette répression de l’Etat espagnol et le caractère erroné de certains de ses fondements dont la « sédition », tout en condamnant le référendum du 1er octobre.
C’est une partie de billard à plusieurs bandes qui se joue sur le plan politique : Pedro Sanchez a besoin des voix des indépendantistes catalans et basques pour garder une majorité au Parlement national espagnol et s il peut, par la même occasion, tente de diviser le camp indépendantiste en Catalogne . Il sait bien aussi que tant les instances de l’Union européenne comme les milieux économiques en Catalogne et dans tout l’Etat espagnol, ont besoin d’un apaisement de la crise catalane qui ébranle la Constitution de 1978 et complique les affaires. Ainsi la crise post-Covid qui s’annonce avec ses plans sociaux massifs et l’augmentation des licenciements et de la précarité, notamment parmi la jeunesse, valent bien un « toilettage » des aspects les plus répulsifs de cette Constitution pour en garder l’essentiel. N’est-ce pas ce qui est aussi à l’œuvre avec cette mesure d’ « indultos » ?
Pour que la crise catalane se résolve sur le terrain politique, en quittant le terrain judiciaire, il s’agit d’obtenir la mise en œuvre de mesures de justice sociale et bien sûr aussi de justice tout court, mais d’une tout autre ampleur. Elles passent par le retour des exilé.e.s ; l’arrêt des poursuites contre les inculpé.e.s, par une amnistie générale. Il faut aussi une réponse politique à l’aspiration démocratique du peuple catalan qu’exprime la revendication d’indépendance qui se heurte frontalement à la Constitution à démocratie limitée de 1978. L’organisation d’un référendum légal, comme cela se pratique pour l’Écosse et que certain·es prônent en Catalogne, qui permette au peuple catalan d’exprimer sa souveraineté et de discuter du cadre dans lequel l’exercer avec les autres peuples de l’Etat espagnol (fédéralisme, confédéralisme ou autre solution) serait-elle un chemin à explorer ? En tout cas, c’est au peuple catalan d’en décider.
Le peuple catalan peut compter sur la poursuite et le renforcement de notre solidarité active.
Commission Etat espagnol d’ENSEMBLE !
Le 24 juin 2021