8 mars 2020 : résolument revendicatif pour nos droits, tous nos droits
Si la période est marquée par l’approche des élections municipales, ce n’est pas sur ce terrain là que l’offensive pour les droits des femmes est la plus présente.
Deux grandes thématiques peuvent rassembler nos luttes actuellement : le travail, et les violences.
Sur le front du travail, la lutte pour l’égalité salariale ne faiblit pas. Elle connaît même parfois des victoires. Ainsi en fin d’année dernière, une salariée de notre département a obtenu devant les prud’hommes pas moins de 168 000€ de rattrapage de ses droits, la discrimination en raison du sexe ayant été reconnue. Et ce n’est pas grâce à « l’index égalité », nouvel outil crée par le gouvernement pour parvenir à l’égalité salariale, mais grâce à un outil, syndical celui-là, qui permet de mesurer les discriminations dans les entreprises. L’index, lui, permet surtout aux entreprises de se dédouaner à bon compte de toute mesure volontariste de compensation des retards pris en matière de parité des organes dirigeants, de promotions, ou de remise à niveau du salaire des femmes de retour de maternité. Ainsi, une discrimination en raison du sexe peut être reconnue… dans une entreprise qui a obtenue la note de 92 sur 100. Serait-ce parce que ce sont les entreprises elles-mêmes qui remplissent les cases (et au passage, notons qu’il n’y a pas de case « violences, harcèlement ») et ne font que communiquer le résultat aux organismes représentatifs des salarié.es ? Mais aujourd’hui comme hier, les femmes luttent pour leurs droits, et l’égalité salariale reste une revendication populaire dans les sondages auprès de la population.
La lutte idéologique pour gagner la bataille de l’opinion est aussi menée en matière de droits à la retraite pour les femmes. Déjà convaincues que les principes même énoncés par le gouvernement égalité, simplicité, ne rimaient ni avec amélioration, ni même avec maintien des droits, la situation faite aux femmes par ce projet est maintenant exposée pour ce qu’elle est au grand jour : elle ne résorbe pas, elle accroît les inégalités entre femmes et hommes, elle baisse les droits liés aux enfants, elle ne compense en rien les carrières fragmentées, les temps partiels et les moindres salaires. Mais la grande nouveauté, c’est que ces analyses ne restent pas cantonnées aux spécialistes, économistes, sociologues du mouvement des femmes et du mouvement syndical. Les femmes se rebiffent dans les manifestations, comme en témoigne la vague de popularité de la chorégraphie « à cause de Macron » initiée par des militantes d’Attac et relayée partout aussitôt.
La dénonciation des violences dans toutes les sphères de la société ne faiblit pas non plus. Depuis longtemps, celles en milieu de travail sont dénoncées et des lois adoptées. Les violences conjugales sont dénoncées, et des lois adoptées. Mais ça résiste !. Souvent au nom de la présomption d’innocence. Souvent parce que les faits se produisent hors de la vue de témoins. Souvent par solidarité masculine mal placée. Le patriarcat n’est pas mort, il tue encore. Mais les femmes parlent. Il suffit souvent de les écouter.
Hier des actrices connues ont fait sauter un verrou, et ça a été # metoo, mais, paradoxalement, c’est bien dommage qu’il faille que les personnes soient connues pour qu’on prenne leur parole au sérieux. Mais ça résiste ! Aujourd’hui, une partie de l’opinion reste convaincue qu’on peut séparer un violeur de son œuvre. Regardez avec Polanski. Honorer un violeur !. Et les féministes ont bien raison de crier : Polanski, faut pas inverser, c’est toi l’accusé.
La vague de dénonciations atteint le milieu sportif, et observez comme celui-ci résiste . Comment, on devrait prendre en compte ce que disent les sportives avant même qu’un jugement soit rendu ? Comment, on devrait mettre en cause des hommes qui ont obtenu de si beaux résultats dans leur domaine ? Et maintenant c’est le milieu littéraire qui est mis en cause. Quels seront les prochains milieux atteints ?
En parlant, les femmes sont en train de réaliser un magnifique livre blanc des violences. Mais tenons nous le pour dit, ce n’est pas la parole qui se libère, ce sont les femmes qui prennent la parole. Et elles ne sont pas prêtes à la lâcher.
Nantes, le 2 mars 2020
Aline Chitelman