Le droit pour les femmes à vivre dans une société sans violences à leur encontre reste encore à gagner.
Cette année à l’occasion de la journée internationale de lutte du 25 novembre, l’appel unitaire de 60 organisations pointe l’ampleur des violences et la responsabilité des pouvoirs publics à ne rien faire d’efficace pour y remédier.
Tout d’abord, l’ampleur des violences. 122 femmes tuées en 2021, 190 tentatives de féminicides, 217 suicides dits forcés du fait des violences psychologiques. En tout 529. Et 2022 ne s’annonce pas moins féroce. Combien de marches blanches faudra-t-il, combien de sit-in, combien de manifestations, combien de 25 novembre encore pour convaincre de s’attaquer aux problèmes ?
Femmes victimes de violences intrafamiliales, femmes victimes de viol ou de harcèlement sexuel au travail, femmes excisées, femmes handicapées victimes de violences « ordinaires », femmes racisées subissant des propos discriminants au travail, victimes d’incestes, viols dans les cabinets de praticiens, victimes de prêtres, la liste est longue et douloureuse à dérouler.
Nous manifestons aussi pour crier notre colère face au fonctionnement défaillant des institutions.
Protéger, c’est d’abord croire les femmes. Ce n’est pas dire une gifle ce n’est pas grave. Ce n’est mettre sur le même plan la parole des femmes et la présomption d’innocence. La loi protège ? Absence d’enquêtes, discrédit de la parole, déqualification des viols, classements sans suite, peines dérisoires, seulement 6% des viols condamnés. Protéger, ce n’est pas refuser d’enquêter quand on est employeur « en attendant que la justice ait fait son travail ». Ce n’est pas déplacer la victime, dans son intérêt bien sûr, et laisser le coupable en place, voir même le promouvoir. C’est encore moins licencier parce qu’on a dénoncé. Protéger, c’est mettre en place dès l’école des actions de prise de conscience. C’est réaliser les heures de formation auxquelles les élèves ont droit. Marre qu’on nous mette en avant des circulaires, des textes, sans jamais donner les moyens de les appliquer. Marre d’entendre féliciter le travail des associations sans leur accorder le million qu’elles réclament.
Non, ni l’état, ni la police, ni la justice ne font leur travail. Il ne s’agit pas de dysfonctionnements ponctuels. Ce que nous mettons en cause, c’est un système qui reproduit les mécanismes de violence et de domination qu’il est censé combattre.
Maintenant, ça suffit. Nous ne voulons plus que nos vies soient classées « sans suite » !